Le tirage sur papier « FineArt », encollé
sur dibond (aluminium) est de Olivier Ferrocino (Image Concept)
Photographier
les insectes.
Chaque événement ébranle mon univers.
Il est l'autre. Le sabotage permanent.
Quelque chose d'essentiellement nouveau
s'est produit. Un nouvel état de la matière. Dont je ne peux même avoir
conscience.
Je vais continuer de photographier. Des
choses. Sans savoir ce que je photographie.
Être imbibé. Se laisser imbiber. C'est
peut-être quand même une sorte de recette qui n'en est pourtant pas une. Ce
serait comme vivre par imprégnation.
Regarder.
Je ne cherche pas la photo extraordinaire.
Car l'extraordinaire est dans l'ordinaire. À portée de regard.
C'est tout ordinaire et tout
extraordinaire. Photographier la beauté proche. Pas seulement la beauté. En
être ébloui. Et dépasser la beauté même.
La photographie arrête le mouvement vital.
De cette façon elle le capte mieux encore. Dans l'immobilité tout le mouvement
est là.
Avec les attitudes. Les rencontres. Les
attentions. La sensibilité. Car les insectes et les araignées sont attentifs.
Et ils nous regardent.
Il y a des récits de vie dans ces
moments arrêtés. Des papillons se séduisent. Des mantes guettent. Des araignées
sont en quête... Des flux de vie.
La photographie fige un instant de la
lumière. Un instant de sa vertigineuse vitesse. De son jeu fou avec l'ombre.
Avec la transparence. Si l'on regarde, c'est fou comme la lumière brille.
Ne pas se dépêcher.
Ne pas s'arrêter à la première
impression.
Regarder.
Regarder même le détail.
Regarder aussi dans le flou.
On s'arrête. On prend le temps. On est
dans le regard. On ne sait plus ce qu'on voit. On ne connaît plus ce qu'on
croyait connaître. L'émotion est énorme. On n'a rien fait pour la forcer. Elle
est venue.
Les sens s'éveillent. On sent qu'il y a
là un inexplicable. Et c'est le
trouble.