Depuis l’âge de 7 ans, Anne
Lüscher voulait faire les Beaux Arts.
Après un diplôme d’architecte
DPLG, dont peu pensait alors qu’une femme pouvait l’obtenir, elle part en
Afrique avec son premier mari, rencontré pendant ses études. Elle y enseigne le
dessin pendant 4 ans. Elle y rejoint également une troupe de théâtre amateur,
qu’elle accompagne au piano pour des spectacles sur Molière, Prévert et
Vian .
Elle réalise le portrait de son
mari à l’huile, si réussi que tout le monde en voulait un. Elle en fera plusieurs
pour ses amis , mais à la sanguine.
Elle fait notamment le portrait
d’un coopérant qu’elle n’appréciait pourtant pas. Celui-ci l’offrira à sa mère
qui lui dira : « il est plus vrai que nature ! »
De retour en France, à Marseille,
elle monte un atelier de peinture et se consacre à une peinture très
figurative, où s’exprime sa nostalgie de l’Afrique. Elle a alors « du mal
à entrer dans l’abstraction », préférant faire d’après nature ou réaliser
des nus. Elle peint avec la technique de la tempera, pigments mélangés au jaune
d’œuf. Des paysages aux formes de corps de femmes, séparés en deux comme un
tapis volant au dessus de la terre, le tapis évoquant le sauvage, le dessous le
civilisé.
Elle se dirige ensuite vers ce
qu’elle appelle du « post impressionnisme à rayures ». Cette série
plaisait beaucoup à sa galerie. Après que quelqu’un l’eût filmée peignant de façon quasi
obsessionnelle ses rayures, elle s’est fait peur. Michel Pastoureau, dans un de
ses livres, évoquait l’histoire de la rayure dans le vêtement, signe du Diable
qui marquait jadis les proscrits de la société (bagnards, prostituées, juifs,
musulmans, non chrétiens…), jusqu’à la Révolution et par la suite avec des
créateurs de mode contemporains, qui en firent un motif ludique, original et
voyant. Il disait aussi que « trop de rayures rend fou ».
Aussi Anne Lüscher s’en
éloigne-t-elle un peu par un jeu de cacher/montrer où le fond à rayures
multicolores apparait sous plusieurs couches. Elle s’intéresse aux
pictogrammes, idéogrammes et surtout aux psychogrammes que l’on retrouve selon
Emmanuel Anati tout au long de l’histoire de l’art, depuis Lascaux et jusqu’à
des peintres contemporains comme Picasso.
Elle s’invente alors sa propre
symbolique, inspirée par ses souvenirs d’Afrique et notamment les dessins des
Pygmées sur liber (écorce intérieure des arbres).
Sa peinture aujourd’hui est riche
de tout ce parcours et de tous ses vécus, de toutes ces imprégnations.
Comme dans les dessins de
Pygmées, on peut y voir les cartes de territoires imaginaires. La partie
inférieure de ses diptyques prend ses racines dans le sol, « et ça pousse,
et ça part ensuite dans tous les sens ». Elle superpose des couches de
textures différentes aux couleurs douces et lumineuses, des motifs figuratifs,
abstraits et symboliques où l’on retrouve des rayures.
Ses tableaux deviennent alors de
superbes invitations pour un voyage sensuel et spirituel …
Site internet d'Anne Lüscher : cliquer ici ou sur l'affiche
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